Pourquoi une pomme des années 1950 équivaut à 100 pommes aujourd’hui ??

Pourquoi une pomme des années 1950 équivaut à 100 pommes d’aujourd’hui ??
Chers lectrices et lecteurs,
De nombreux média ont relayé l’information ces derniers temps  »1 pomme de 1950 = 100 pommes 2017 », c’est à dire que pour avoir la même quantité de micronutriments qu’une pomme de 1950, il faudrait en manger 100 aujourd’hui, c’est vertigineux !
Nous allons voir pourquoi cette chute des micronutriments et comment s’organiser pour ne pas subir de carences. Mais d’abord un petit rappel : à quoi servent les micronutriments ?

Des pommes transparente de Croncels - Steschke/Wikimedia Commons/CC Mordre à pleines dents dans une pêche et avaler… de l’eau sucrée. Manger toujours plus, pour se nourrir de moins en moins. Tandis que, dans les pays développés, nos apports en calories augmentent, la plupart des aliments non transformés que nous consommons – fruits, légumes et céréales – deviennent des coquilles vides sur le plan nutritionnel.
Une dizaine d’études d’universités canadiennes, américaines et britanniques, publiées entre 1997 et aujourd’hui, font état d’une dégringolade de la concentration en nutriments dans nos aliments.
Ces travaux, résumés dans l’étude «  Still No Free Lunch  » de Brian Halweil, chercheur au Worldwatch Institute, confirment l’essor de la «  calorie vide  »  : grasse, sucrée, mais inutile pour la santé.
Même dans les aliments réputés sains, vitamines A et C, protéines, phosphore, calcium, fer et autres minéraux ou oligo-éléments ont été divisés par deux, par 25, voire par 100, en un demi-siècle
Pour retrouver les qualités nutritionnelles d’un fruit ou d’un légume des années 50, il faudrait aujourd’hui en manger une demi-cagette  !

1Vitamine C : une pomme hier = 100 pommes aujourd’hui

 Hier, quand nos grand-parents croquaient dans une transparente de Croncels, ils avalaient 400 mg de vitamine C, indispensable à la fabrication et à la réparation de la peau et des os. Aujourd’hui, les supermarchés nous proposent des bacs de Golden standardisées, qui ne nous apportent que 4 mg de vitamine C chacune. Soit cent fois moins.
Philippe Desbrosses, docteur en sciences de l’environnement à l’université Paris-VII et militant pour la préservation des semences anciennes, déplore :

«  Après des décennies de croisements, l’industrie agroalimentaire a sélectionné les légumes les plus beaux et les plus résistants, mais rarement les plus riches sur le plan nutritif. »

2Vitamine A : une orange d’hier = 21 oranges d’aujourd’hui

 Précieuse pour notre vue et nos défenses immunitaires, la vitamine A est en chute libre dans 17 des 25 fruits et légumes scrutés par des chercheurs canadiens dans une étude synthétisée pour CTV News .
Le déclin est total pour la pomme de terre et l’oignon qui, aujourd’hui, n’en contiennent plus le moindre gramme. Il y a un demi-siècle, une seule orange couvrait la quasi-totalité de nos besoins quotidiens – les fameux AJR (apports journaliers recommandés) – en vitamine A.
Aujourd’hui, il faudrait en manger 21 pour ingurgiter la même quantité de la précieuse vitamine. De même, une pêche des années 50 équivaut à 26 pêches aujourd’hui.

3Fer : la viande en contient deux fois moins

 Au début de la chaîne, il y a la céréale. Blé, maïs et soja sont aujourd’hui plus pauvres en zinc, en cuivre et en fer qu’il y a cinquante ans. Appauvries par des décennies d’agriculture intensive et de sélections variétales, ces céréales réapparaissent dans l’auge de nos bêtes, qui, par répercussion, se trouvent moins bien nourries que leurs ancêtres.
En bout de chaîne, l’animal devenu steak apportera moins de micronutriments dans nos assiettes. Tel est l’effet domino identifié par le chercheur américain David Thomas. Dans son étude publiée dans la revue Nutrition 'amp; Health, il constate qu’à poids égal, un même morceau de viande apporte deux fois moins de fer qu’un demi-siècle auparavant.
Autre dommage collatéral  : le lait «  a perdu ses acides gras essentiels  », déplore Philippe Desbrosses. Des acides essentiels à nos membranes cellulaires, notre système nerveux et notre cerveau. Naturellement présents dans l’organisme en très petite quantité, ils doivent nous être apportés par l’alimentation.

4Calcium : quatre fois moins dans le brocoli

 Mauvaise nouvelle. Si le brocoli figure sur la liste de ces légumes que vous ne consentez à avaler qu’en pensant à votre santé, vous n’avez pas fini de grimacer. Alors que ce chou venu du sud de l’Italie contenait 12,9 mg de calcium – allié de la construction osseuse et de la coagulation du sang – par gramme en 1950, ils n’en renfermait plus que 4,4 en 2003, selon une étude de l’université du Texas, soit quatre fois moins.
Si vous comptiez sur lui pour compenser la carence en fer de votre steak, c’est également loupé. Il vous faudrait en mettre six fois plus dans la soupe pour obtenir les mêmes bienfaits que par le passé. Sur les 25 légumes étudiés par l’équipe de recherche canadienne, 80% ont vu leur teneur en calcium et en fer décliner.
 NOTRE ALIMENTATION EST DE PLUS EN PLUS PAUVRE EN NUTRIMENTS … UN CONSTAT SCIENTIFIQUE !
Selon Philippe Desbrosses, docteur en sciences de l’environnement à l’université Paris-VII, quand vous mangez une pomme Golden achetée en supermarché, elle vous apporte 4 mg de vitamine C. En 1950, quand nos grand-parents mangeaient une pomme de la variété transparente de Croncels, ils avalaient 400 mg de vitamine C !!! Vous voyez la différence ? La densité nutritionnelle a été divisée par 100 en à peine 60 ans.

Et ce n’est pas tout, selon le journaliste 
Jeffrey Christian (2) qui a compilé de nombreuses études américaines et britanniques, cette chute en vitamines et minéraux touche de nombreux fruits et légumes :
La vitamine A chute dans 17 des 25 fruits et légumes. La pomme de terre et l’oignon ont la palme, puisque aujourd’hui, ils n’en contiennent plus le moindre gramme. L’orange en contiendrais 21 fois moins alors qu’il y a 60 ans, une seule orange couvrait totalement les apports.
Le calcium contenu dans le brocoli était de 12,9 mg de calcium par gramme de brocoli en 1950 … il n’en renfermait, selon l’USDA U.S. Department of Agriculture (3), plus que 4,4 mg de calcium par gramme de brocoli en 2003, soit quatre fois moins !
Le fer que l’on trouve dans la viande de 2015 est deux fois moins important que celui qu’on y trouvait en 1950, car les bêtes sont aujourd’hui nourries avec des céréales (maïs, soja …etc.) elles mêmes moins riches en nutriments … c’est toute la chaîne alimentaire qui est touchée.
Et ce n’est pas tout : Phosphore, Zinc, Cuivre, protéines, riboflavines … etc. de nombreux autres nutriments sont touchés par cette baisse des 60 dernières années. Mais comment expliquer cela ? Que s’est-il passé pour que nos aliments perdent leur richesse nutritionnelle ?
POURQUOI NOTRE ALIMENTATION S’APPAUVRIT-ELLE ?
Des décennies d’agriculture intensive ont épuisé et continuent d’épuiser les sols, que l’on tente de réanimer à coups d’engrais chimiques. La sélection des variétés qui vont donner de beaux fruits bien calibrés au détriment de leur richesse nutritionnelle. L’usage intensif de pesticides chimiques qui empêche la plante de développer son immunité et donc les molécules qui vont être protectrices face aux agressions. Le proverbe « ce qui ne nous tue pas nous rends plus fort » est aussi valable pour les plantes et les animaux, trop protégés, ils ne se défendent plus vraiment contre les nuisibles et ainsi ne développent pas les substances immunitaires … en bout de chaîne, nous ne pouvons pas en profiter.
Enfin, pour enfoncer le clou, des temps de culture toujours plus courts et des fruits et légumes cueillis avant maturité pour faciliter le transport. En bref, une course infernale au rendement qui touche notre agriculture : plus de rendements = moins de nutriments ! Finalement, on peut se presque se demander comment il peut rester des nutriments dans des aliments aussi malmenés ?
MAIS COMMENT FAIRE ALORS ?
Pour obtenir des fruits et légumes qui ne sont pas des coquilles vides nutritionnelles, il faut privilégier les agriculteurs qui ne vont pas faire de l’intensif, qui ont des parcelles à taille humaine, qui ne vont pas noyer leurs sols et/ou leurs bêtes de pesticides, qui vous proposent des variétés anciennes, des fruits et légumes de saison cueillis à maturité. Pas d’inquiétude, ces agriculteurs, vous n’êtes pas obligés de les sélectionner vous mêmes, bien qu’ils seront toujours heureux de vous rencontrer. Ouf, heureusement, on retrouve ces valeurs de plus en plus souvent : chez les agriculteurs BIO ou raisonnés en France et en Europe, mais aussi dans les circuits courts qui mettent en relation les agriculteurs avec les consommateurs.
Ce sont les AMAPs (associations pour le maintient de l’agriculture paysanne) qui fournissent des paniers de manière hebdomadaire, les « Ruches » qui ont été développées par l’entreprise « La Ruche Qui Dit Oui », mais aussi les associations comme « Territoires » qui cultive local et solidaire à Saint-Denis, enfin les boutiques bio qui fonctionnent comme des coopératives, par exemple les biocoop et enseignes indépendantes … le choix est vaste, mais aujourd’hui la proximité devient gage de qualité.
Enfin, n’hésitez pas à regarder vos fruits et légumes : s’ils sont tous beaux, tous propres, tous lisses et luisants, sans aucun défaut … vous pouvez passer votre chemin. Au contraire les fruits « moches » sont souvent un gage de qualité, le fruit ou légume a eu le temps de grandir et de se défendre tout seul, donc d’être plus fort. Oubliez les tomates en plein hiver cultivées hors sol forcément et vendues à des prix exorbitants et favorisez les légumes de saison, actuellement nous avons de beaux brocolis, poireaux et céleris raves … votre porte monnaie vous en sera reconnaissant car les fruits et légumes de saison sont souvent bien plus abordables !

Le bio est-il une solution  ?

Les facteurs de ce déclin sont multiples. Des sols plus pauvres, des végétaux cueillis trop tôt, des traitements de conservation plus fréquents, des croissances plus rapides dopées par les engrais et une réduction du nombre de variétés, sélectionnées pour leur résistance aux parasites et leur rapidité de croissance…
Autant d’éléments imputables à une quête de meilleurs rendements. Résultat, «  pour le maïs, le blé et le soja, plus le rendement est important, plus le contenu en protéines est faible  », note Brian Halweil, dans son étude. Même schéma pour les concentrations de vitamine C, d’antioxydants et de bêtacarotène dans la tomate  : plus les rendements augmentent, plus la concentration de nutriments diminue .
A contrario, «  l’agriculture biologique peut contribuer à inverser la tendance  », indique Brian Halweil dans son étude. De fait, à conditions climatiques équivalentes :

« Les aliments bios contiennent significativement plus de vitamine C, de fer, de magnésium et de phosphore que les autres. »

Choisir des aliments mûrs

Le chercheur met pourtant en garde  :

«  Si les agriculteurs bios développent un système riche en intrants avec des rendements comparables aux exploitations conventionnelles, le bio verra son avantage nutritionnel s’éroder.  »

De même, si les produits bios sont cueillis avant maturité, ils sont finalement moins riches en nutriments que des produits mûrs de l’agriculture traditionnelle. Seule stratégie pour remettre de la vie dans son assiette  : choisir des aliments mûrs, produits de manière non intensive et partir à la chasse aux variétés oubliées
 Et vous comment faites vous pour acheter de vos fruits et légumes ? N’hésitez pas à poster vos idées et questions dans les commentaires.
Bien à vous,




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